Lettre d'information N° 209 - 3 mai 2024

Les deux initiatives soumises à votation sur l'assurance maladie sont au programme de notre Lettre. Nous nous penchons d'abord, dans un ordre inverse de celui de votre bulletin de vote, sur l'initiative dite des coûts, déposée par le parti du Centre, que nous détaillons avec le conseiller national UDC, Thomas Bläsi, que je remercie cordialement pour cet entretien précis et d'une rare liberté de ton.
Puis, dans un deuxième article, sur l’initiative déposée par le parti socialiste dite des primes (voir plus bas).

Perspective catholique : L’initiative socialiste est plus simple d’approche, plus directe. L’initiative du Centre est plus complexe à comprendre même si ce parti la présente comme étant simple et efficace pour diminuer les primes. L’est-elle selon vous ?

Thomas Bläsi : L’initiative sur les coûts donne la fausse impression que son adoption permettrait une baisse des primes alors qu’il s’agit en réalité d’un frein aux coûts comparable au frein aux dépenses lors de l’établissement du budget de la confédération.

Lier les dépenses de santé à la conjoncture économique est absurde ! Si l’économie se porte mal, certains soins ne seront plus pris en charge par l’assurance obligatoire des soins (AOS) et seront à charge des patients. Les patients fortunés pourront les payer de leurs poches ou mettre ces soins à charge de leurs assurances complémentaires. Les patients ne disposant que de l’assurance de base eux devront attendre une meilleure configuration économique pour profiter de toutes les prestations médicales.

PC : Cette initiative donne donc beaucoup d’importance aux lobbies tout puissant du secteur de la santé ?

TB : Oui, les lobbies de l’industrie pharmaceutiques et des caisses maladies gagneront en puissance grâce à l’initiative alors même qu’ils portent une responsabilité évidente dans l’augmentation incessante des primes d’assurance maladie. Depuis des décennies, ce sont eux qui usent de leur influence auprès de certains parlementaires pour bloquer toute décision en faveur d’une baisse des primes. Il y a fort à parier que les coupes ne se feront pas aux endroits judicieux (prix des médicaments, tarifications médicales, soins hospitaliers) mais directement chez les patients, dans la qualité des soins.

PC : Pour nous autres prestataires des soins, quelle sera l’impact de l’initiative en cas d’acceptation le 9 juin ?

TB : Cette initiative ne touche pas aux compétences cantonales ; les hôpitaux et la planification hospitalière continueront par conséquent de représenter une part importante des dépenses de santé. Ce sont les soins et les professionnels de la santé de première ligne qui seront les premiers et les plus durablement impactés par le mécanisme de frein aux coûts que souhaite introduire le Centre. Ce qui conduira inévitablement à une pénurie en personnel qualifié.

PC : Nous revoilà au point de départ, sans solution pour contenir – au moins – l’augmentation des primes d’assurance maladie. Il n’y a donc aucune solution ?

TB : Bien sûr qu’il y a des solutions ! Il faut exiger une transparence immédiate et totale des caisses maladies, obtenir les chiffres colossaux des rétrocessions des prestataires de la santé et en vérifier la bonne répartition pour maîtriser les coûts et les primes. Et ainsi de s’assurer que les contrôles déficients aujourd’hui soient effectifs et accessibles aux parlementaires. Il convient aussi de revoir le catalogue de prestations pour s’assurer que les prestations remboursées le soient pour des raisons médicales et dans l’intérêt exclusif des patients.

Un vœux pieux pour conclure : il faut interdire l’accès à la Commission fédérale de la santé aux parlementaires percevant des revenus ou des avantages de la part des différents lobbies extrêmement actifs dans le domaine de la santé !

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Voir également le site des opposants à l'initiative Pour des primes plus basses. Frein aux coûts dans le système de santé :
https://frein-aux-couts-non.ch/arguments/

Eric Bertinat - Après la votation du 3 mars dernier sur l'initiative instituant une 13e rente AVS, la gauche nous revient avec une nouvelle initiative visant à alléger nos primes d’assurance maladie (IN d'allègement des primes – au maximum 10% du revenu imposable). La première, largement acceptée par le peuple, creusera les finances fédérales de quelques quatre milliards de francs. La seconde, elle-aussi, impactera non seulement les finances fédérales mais aussi cantonales d’une somme totale d’un même montant, quatre milliards de francs. Ce qui semble être insupportable pour la droite. Le débat n’est-il que financier, à entendre les partis bourgeois de plus en plus en délicatesse sur des thèmes qui concernent directement et concrêtement les petits et moyens revenus, une partie de la population de plus en plus importante?

A part ce point commun entre les deux initatives socialistes, le recours au financement public pour assurer ces prestations, il en existe un autre, celui de l’absence de soutien, d'intérêt même de la part de la droite à toute cette population qui travaille sans parvenir à épargner le moindre centime. C’est à peine si elle doit se satisfaire de payer ses factures chaque fin du mois. Selon le dernier sondage, seuls les ménages les plus fortunés s’opposeront à cet objet soumis à votation. Pas de quoi nous surprendre!

De la droite, parlons-en!
C’est elle qui coordonnera la campagne du non. Mais cela ne s'annonce pas si simple. La droite n’est pas bien dans ses souliers après la claque reçue sur l’AVS et la campagne calamiteuse de la conseillère fédérale Baume-Schneider contre son propre parti qui a laissé quelques séquelles à gauche comme à droite. A commencer par l’UDC, totalement désavouée par ses électeurs, qui a montré une fêlure entre élus et délégués, et sa base. Les sondages s’obstinent à donner ces mêmes électeurs UDC acquis à l’initiative socialiste. On se demande ce qu’il en aurait été des résultats des élections fédérales 2023 si les initiatives socialistes avaient été au programme un an plus tôt?

Côté libéral-radical, ce n’est pas mieux. D’autant plus que la section PLR vaudoise, la plus grande de Suisse romande, connaît depuis 2019 une limitation des primes à 10% du revenu des ménages. Et si cette solution a vu le jour, c’est grâce à un compromis négocié entre le PS et… le PLR. Pas facile donc d’expliquer aux Suisses qu’il faut dire non à un texte que la droite vaudoise a accepté en votation.

Les primes d’assurance maladie en chiffres
Selon l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), la charge des primes nettes (après déduction des subsides éventuels) se montait en moyenne à 6.6% du revenu disponible en l’an 2000. Dix ans plus tard, elle représente 14% ! Toujours selon l’OFSP, la proportion de la population ayant renoncé à des soins en raison des frais a été multipliée par trois en douze ans, passant de 6% à 18%. La prime moyenne pour le canton de Genève a connu une forte augmentation en 2024: de 44 fr. par mois pour un adulte, de 110 fr. par mois pour un couple avec un enfant. Ces hausses sont considérables dans un canton où les primes sont plus élevées que la moyenne suisse et le coût de la vie particulièrement cher. De nouvelles augmentations de primes sont prévues pour septembre 2024. Il va être difficile, voire impossible, de mener campagne contre la proposition socialiste.

Perspective catholique vous a invité à soutenir la pétition contre les enseignements anti-scientifiques sur la sexualité à l’école publique. Elle a été déposée officiellement au Grand Conseil genevois avec :
- 132 signatures manuscrites 
- 6’300 signatures de résidents genevois 
- 22’998 signataires en ligne en tout ! 

MERCI À TOUS POUR VOTRE ENGAGEMENT. 
Vous pouvez arrêtez de faire signer la pétition.

Hâtez-vous de signer cette pétition - si ce n'est déjà fait - qui s'oppose à la main-mise mondialiste de la santé ! Perspective catholique vous en a parlé dans un article initulé "Le Conseil fédéral invité à rejeter les nouvelles directives de l’OMS" et paru le 13 mars dernier. Cliquez ici!