Il y a 150 ans : le Bulletin de la SHAP

Numéro 61 - juin 2025

Il y a 150 ans : le Bulletin de la SHAP

 

2024 a été, avec la célébration du cent cinquantième anniversaire de notre Société, une année riche en publications[1] : si l’on examine ces dernières avec attention, on peut constater que notre Bulletin en a été l’une des sources majeures au fil du temps. Afin de compléter tous ces travaux, et de donner peut-être à nos lecteurs et adhérents l’envie de compulser ces vieux bulletins, nous avons choisi d’analyser ceux qui furent publiés durant les dix premières années d’existence de la SHAP, et de choisir quelques articles qui ont retenu notre attention de lecteurs du XXIe siècle.

D’une manière générale, outre le vocabulaire et le style plutôt surannés, il est notable de constater que le volume de certains articles est considérable (jusqu’à 150 pages !) avec une publication sur le mode « feuilleton » rythmée par les séances de la Société au cours desquelles ces travaux étaient présentés. D’autres articles, beaucoup plus courts, sont inclus dans une rubrique « varia » qui correspond peu ou prou à nos actuelles petites nouvelles ; bien que de format plus réduit, ils n’en sont pas moins intéressants, s’appliquant à un lieu, un monument, un évènement ou un personnage bien défini. Une autre singularité est la manière dont sont citées les sources : point de notes de bas de page, pas de bibliographie, mais des citations in extenso avec le nom de l’auteur et le titre de l’ouvrage, mais très rarement de référence à l’édition…

Bulletin N° 1 (année 1874) 400 pages :

Nous avons retenu un article de René Bernaret, Organisation des deux diocèses du Périgord (Périgueux et Sarlat), (pp 341-389). Cet article permet de comprendre l’organisation et l’évolution des deux diocèses de 1556 à la Révolution, grâce à l’étude de documents rares : l’ancienne pancarte de 1556, le dénombrement du diocèse de Périgueux de 1732, celui de 1781 publié par l’évêque de Sarlat et les cartes du géographe Sanson de 1740 à 1742.

La pancarte de 1556, s’appuyant sur la bulle papale de 1337, mentionne les noms latins et actuels des églises, des chapelles en ruines ou non, des abbayes et monastères des 16 archiprêtrés du diocèse de Périgueux et des 7 archiprêtrés de celui de Sarlat. Pour chaque édifice, elle précise les redevances ecclésiastiques et civiles dues et le nom des bénéficiaires des taxes.

Des listes indiquent les modifications apportées au cours des siècles. L’auteur, par des explications historiques, permet ainsi à tout chercheur d’avoir un éclairage précis sur sa paroisse.

Bulletin N° 3 (année 1876) 520 pages :

Dans ce numéro, nous retenons un court article (pp 411-419), signé F.V (très certainement Ferdinand Villepelet, alors Secrétaire général de la SHAP et Archiviste départemental) intitulé La démolition de la Tour Mataguerre. On y apprend que, le 23 août 1876 le Conseil municipal de Périgueux[1] avait voté la démolition de cet édifice, seul vestige des anciennes fortifications de la ville, en prévoyant la vente aux enchères publiques des matériaux de démolition. Plusieurs membres éminents de la SHAP se firent alors un devoir de protester contre une telle décision, et approuvèrent une pétition adressée au Conseil général de la Dordogne pour demander sa conservation. Cette affaire fut évoquée le 1er septembre suivant lors d’une séance de la Société, au cours de laquelle il fut décidé de saisir le préfet, afin qu’il intervienne auprès de la municipalité pour qu’elle renonce à ce projet. L’article reproduit des courriers et délibérations afférents à cet évènement. Nous nous devons de préciser, par ailleurs, que la SHAP dut à nouveau intervenir sur le même mode, en 1991, pour protéger le site de l’église de la Cité et la rue Romaine dans le cadre d’un projet de voirie soutenu par la municipalité.

 

 

 

 

Dans ce même N°3, nous trouvons (pp 131-135) la reproduction d’une lettre adressée à M. le docteur Galy, Président de la SHAP, par MM. Deslignières et Levicomte, signalant la présence, sur le portail de la maison Franconi, dite encore Maison du Pâtissier à Périgueux, d’inscriptions latines dont ils donnent la traduction, en particulier celle-ci : Memento mori (souviens-toi qu’il faut mourir).

Bulletin N°4 (année 1877) 452 pages :

Un court article signé d’Anatole de Rouméjoux a retenu notre attention : Établissement de la Cour des Aides à Périgueux (pp 246-248). En 1553, Henri II, soucieux de remplir les coffres du royaume, créa dans les villes cette institution chargée de percevoir de nouvelles taxes. L’article nous y apprend, entre autres conséquences, comment la création de cette Cour des Aides fut indirectement à l’origine de l’apostasie de la ville de Bergerac qui prit le parti des Huguenots.

Bulletin N° 5 (année 1878) 455 pages :

Historique de la rivière de l’Isle, partie comprise entre Libourne et Périgueux, par F. Julien (pp 69-81). Si la rivière était navigable « depuis les troglodytes », l’origine des ponts, barrages, moulins et pas du roi pose un problème quant à leur datation. L’auteur, après avoir analysé les documents de 1244 et 1305, les comptes-rendus d’ingénieurs et diverses hypothèses, nous invite à la plus grande prudence et mentionne et situe les vestiges de différents bâtis. Saviez-vous que le plus ancien port sur cette partie de l’Isle était situé près du monastère de Vauclaire ?

Bulletin N° 7 (année 1880) 516 pages :

Notre attention, dans ce bulletin, a été retenue par un article signé par Élie Gontier de Biran, qui fut Vice-Président de la SHAP, historien du Bergeracois et membre fondateur de l’École félibréenne « Lou Bournat ». Intitulé Notes et documents inédits relatifs aux institutions de la ville de Bergerac avant 1780, ce travail long de 59 pages et divisé en 3 parties (commençant pp. 126, 306 et 467), comporte 5 chapitres :

  • Organisation municipale et judiciaire (consulat, juridictions)

  • Fondations d’utilité générale : parmi lesquelles le pont sur la Dordogne tient une place importante, à côté des prisons, de la citadelle

  • Établissements de bienfaisance et d’instruction : hôpital, maladrerie, hôpital de la Commanderie St Antoine, collège, étudiés par grandes périodes historiques

  • Églises, chapelles et temples, fort nombreux dans la ville

  • Et enfin les couvents : Prieuré de St Martin, Carmélites, Cordeliers, Jacobins, Récollets et dames de la Foi.

Très documenté, cet article de fond est une vraie mine d’informations concernant la vie bergeracoise sous l’Ancien Régime.

 

Bulletin N° 9 (année 1882) 612 pages :

Nous insisterons sur un long article écrit par Albert Dujarric-Descombes, notaire et auteur de très nombreuses études sur le Périgord dans les années 1880-1910, par ailleurs membre correspondant de la Société historique de la Charente.  Intitulé Recherches sur les historiens du Périgord au XVIIe siècle, son travail long de 146 pages et découpé en 5 tranches s’insurge contre l’opinion de l’abbé Laydet qui en 1776 postulait que le Périgord était dépourvu d’historiens. Le plus connu des auteurs cités dans l’article est sans nul doute le chanoine Jean Tarde (1651- ?) qui, à côté de ses études sur les dolmens et de sa recherche d’Uxellodunum, publia une Description du diocèse de Sarlat et de ses prieurés. Parions que peu à la SHAP connaissent les noms d’Arnaut la Borie, auteur en 1577 d’un traité Des antiquités de Périgord, du P. Jean Dupuy, Récollet de Sarlat, qui publia au XVIIe siècle un Estat de l’Église du Périgord depuis le Christianisme, de Jay d’Ataux ou de son successeur le chevalier de Cablanc, maires de Périgueux qui laissèrent des mémoires manuscrits sur la ville cités par Lagrange-Chancel, ou encore  de Castel et de François Pothon de Gérard, tous deux responsables d’annales concernant le siège de Sarlat durant la Fronde !

Cet article fort instructif fait écho à la publication prochaine des actes de notre colloque d’octobre 2024 consacré à l’historiographie du Périgord.

Nous espérons, à travers ces courtes notices, vous avoir donné l’envie de vous plonger dans ces bulletins « historiques » qui n’attendent que votre visite à la bibliothèque, ou bien sur le site shap.fr, rubrique Mémoire du Périgord, ou encore pour les plus anciens (avant 1937) sur Gallica.fr.

Notez que les liens présents dans le texte permettent un accès direct aux articles cités.

 

Huguette Bonnefond, Jeannine Rousset, Michel Roy et Jean-Charles Savignac

 

Toute réaction de votre part, par e-mail ou par un autre moyen sera la bienvenue !

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[1] « 1874-2024 : 150 ans d’histoire en Périgord », « Une histoire de la SHAP », B-SHAP 2024-2 : « Sur les chemins du Périgord depuis 150 ans », et à paraître en 2025 les actes du colloque « Histoires d’histoire : 150 ans de travaux historiques en Dordogne »

[2] Le maire de Périgueux à cette période était Léon Deffarges, et on peut noter que les mandats de maire étaient alors très courts

 

Société Historique et Archéologique du Périgord

18 rue du Plantier 24000 Périgueux

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Directeur de publication : Dominique Audrerie
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