Le halage pouvait être humain, notamment avant le XVIIe siècle avec des paysans qui résidaient en général aux abords de la rivière. Ils étaient habilités pour pratiquer le halage sur des sections qui correspondaient aux longueurs des biefs. L'intérêt du halage par les hommes résidait dans leur capacité à éviter des obstacles imprévus, à s'adapter à une berge encombrée de végétaux, d'arbres ou de restes d'inondations. Puis les paysans furent supplantés par des entreprises avec des artisans qui proposaient leur bras (les brassiers). Sur l'Isle, 4 à 8 personnes étaient suffisantes mais sur la Seine, par exemple à Paris, il fallait entre 200 et 300 personnes tant certaines portions de la rivière étaient tumultueuses. Dès 1740, les haleurs sont remplacés par des bouviers habitant près des rivages, en bordure des chemins de halage et qui louaient leurs bœufs de lieue en lieue. Cette concurrence entre bouviers et brassiers engendra de graves incidents et en 1812 un arrêté préfectoral décréta que le halage devait se faire exclusivement au moyen de bœufs partout où les chemins de halage le permettaient. Le halage à bras n'était donc autorisé que dans les passages où l'utilisation des bœufs était impossible. Puis survint le temps des chevaux qui réclamaient des chemins mieux entretenus. Sur l'Isle, seule une paire de chevaux, un couple, était suffisante, à la différence de certains fleuves comme le Rhône, à fort débit et aux eaux agitées où on attelait de 30 à 80 bêtes, en quadrige, pour tracter des convois composés de plusieurs bateaux. Au début, la descente se faisait avec le courant et une voile que l'on hissait quand il y avait un vent suffisant. Pour la remontée, elle ne pouvait se faire qu'avec le halage. Le chemin de halage suivait la rive au plus près et comptait des relais tous les 5 à 8 km. Un décret préfectoral du 27 juin 1826 ordonne aux propriétaires riverains de la partie de l'Isle comprise entre Moulin-Neuf et Périgueux « de couper et d'enlever, de deux côtés de la rivière Isle, sans avoir droit à aucune indemnité, les clôtures, plantation d'arbres ou de haies qui s'y trouveraient, en sorte que le chemin de halage et le marchepied puissent être ouverts suivant les dimensions de l'ordonnance royale de 1669 » (24 pieds au moins de place en largeur : 7,80 m pour chemin royal et trait de chevaux, sans qu'il puisse planter arbres ni tenir clôtures ou haies plus près de 30 pieds : 9,75 m du côté que les bateaux se tirent et 10 pieds : 3,25 m de l'autre bord). Le 21 décembre 1895, le préfet de la Dordogne prend un arrêté réduisant de 7,8 m à 5 m la largeur des chemins de halage de l'Isle navigable entre le vieux pont de Périgueux et le département de la Gironde et fixant à 5 m au lieu de 9,75 m la largeur de la zone dans laquelle il est interdit d'établir des constructions ou des plantations. |