Après l’hécatombe de la Première guerre mondiale, la France avait besoin de bras. De son côté, la Pologne, son alliée de toujours, avait une population paysanne excédentaire qui avait du mal à survivre. Un accord fut donc signé entre les deux pays pour faciliter l’immigration de travailleurs polonais en France. C’est surtout après 1933 et la prise du pouvoir par Hitler que leur nombre se multiplia : ils étaient 692 en Dordogne en 1931, 2108 en 1938[1]. On peut attribuer ce développement à l’initiative d’un ingénieur agronome polonais, Antoine Strzelecki, venu de Varsovie pour faire venir des agriculteurs polonais et les installer après les avoir formés aux conditions climatiques et administratives locales. Il les conseillait sur les méthodes d’élevage et de culture et les aidait dans leurs décomptes de fermage et de métayage et dans les litiges avec leurs propriétaires. Sous son impulsion fut créée fin 1932 à Toulouse l’Union des agriculteurs polonais du Sud-Ouest de la France, qui couvrait les treize départements du ressort du consulat polonais de Toulouse. Un centre fut installé dans chaque département ; en Dordogne, le siège était à Périgueux et l’instructeur, M. Ostrowski, était aussi agent consulaire. En 1936, une Société anonyme d’exploitation agricole fut créée à Paris avec des capitaux polonais. La Dordogne fut choisie comme département témoin et le siège fixé à Périgueux, 1 rue René-Lestin. Le 1er mai 1937, Antoine Strzelecki en fut nommé directeur général. Le 26 octobre 1937, par acte signé chez maître Latour, notaire à Périgueux, il acheta le château du Roc au Change avec ses dépendances et deux autres fermes. Il engagea en fermage des familles polonaises.
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