ASD - Newsletter n°4 - Juin 2025

Edito

Interview de Christian Petit    

Nous avons demandé à Christian Petit ce qu'il pensait du rôle stratégique du Chief Sustainability Officer (CSO) dans un monde incertain. Nous le remercions chaleureusement de partager avec les membres de l'ASD sa vision lucide et inspirante. 

Un contexte de bascule

Alors que les crises géopolitiques, économiques et climatiques s’enchaînent, la durabilité pourrait sembler reléguée au second plan. Nombre de CSO constatent que leurs directions sont absorbées par d’autres priorités, moins sensibles aux plans d’action environnementaux ou sociaux patiemment construits. Faut-il y voir un désaveu ? Non, répond Christian Petit, ancien dirigeant de Romande Energie. Il invite à faire preuve de discernement : si l’attention immédiate se détourne, les fondamentaux ne changent pas. La crise écologique, systémique et documentée, poursuit son aggravation, quelle que soit la couleur politique du moment.

Pour les responsables durabilité, l’enjeu est de rester ancrés, lucides, et de transformer cette période en opportunité stratégique.

Faire mûrir son action discrètement

La baisse de visibilité ne doit pas signifier l’inactivité. Au contraire, c’est le moment idéal pour se renforcer. Christian Petit encourage les CSO à se former : comprendre les nouveaux référentiels, explorer les dimensions humaines de la transition, développer leur intelligence émotionnelle. La durabilité n’est pas qu’affaire de chiffres : elle repose aussi sur la capacité à mettre les individus en mouvement.

C’est aussi une période propice à la réflexion stratégique. Pourquoi ne pas reprendre sa feuille de route, questionner ses priorités, ajuster ses méthodes ? Loin du bruit médiatique, on peut aussi se recentrer sur l’essentiel, structurer ses démarches et préparer le terrain pour l’après. Par exemple en participant à des rencontres, en créant des ponts avec d’autres entreprises ou institutions, en explorant de nouvelles alliances : autant d’actions discrètes mais puissantes.

Repenser les récits, revisiter les leviers

Les mots ont un poids. « Durabilité », « RSE », « écologie » : autant de termes devenus parfois clivants, ou du moins peu engageants dans certaines cultures d’entreprise. Réinventons-les et parlons de pérennité, de résilience, d’agilité stratégique tout en mettant en avant la robustesse des modèles, la capacité à anticiper les crises, à sécuriser les approvisionnements, à fidéliser les talents.

C’est aussi le moment de mieux comprendre les collaborateurs. Le sociologue québécois Christophe Lebranche distingue huit profils selon leurs motivations : les écophiles, les technophiles, les économes, les résistants, les indifférents… Chacun appelle un discours adapté. Inutile de parler de climat à un responsable achats si la circularité peut d’abord lui faire gagner en performance économique.

Des exemples inspirants : Romande Energie

À la tête de Romande Energie, Christian Petit a mis en place une méthode simple : chaque grande direction devait identifier un projet phare par an, à mener sous l’angle de la durabilité. Les résultats ont été concrets et visibles. Un regroupement de sites a été conçu comme un bâtiment exemplaire sur le plan environnemental. Une réponse à un appel d’offres public a intégré 50 % de critères durables. Des postes électriques ont été rénovés en supprimant le gaz SF6, hautement nocif, et en utilisant des structures bois-béton.

Même la carte du restaurant d’entreprise a été repensée avec le prestataire, dans une logique de sobriété et de relocalisation. Ces projets, concrets et proches des métiers, ont permis de fédérer les équipes et de démontrer que la durabilité est un levier d’innovation et de performance.

Un rôle à redéfinir

Dans le contexte actuel, le CSO doit dépasser son rôle de garant des normes. Il devient un éclaireur stratégique, capable de lire les signaux faibles, de créer du lien, de faire dialoguer les cultures internes. Il est aussi un guide émotionnel : face à l’éco-anxiété, il donne des repères, du sens, des raisons d’agir.

Christian Petit conclut sur une note de confiance. La durabilité ne disparaîtra pas de l’agenda : elle s’imposera par la force des choses. Le rôle du CSO est de garder le cap, d’agir quand c’est possible, de préparer quand c’est nécessaire. Et surtout, de ne jamais perdre de vue que son action, parfois invisible, construit les fondations du monde de demain.

 

Christian Petit a été Directeur général du Groupe Romande Energie de juin 2019 à décembre 2024. Sous sa direction, l’entreprise a connu une transformation stratégique majeure, passant d’un distributeur d’électricité traditionnel à un acteur global de la transition énergétique en Suisse romande. 

Au sommaire...

  • S’adapter aux aléas climatiques : l’approche OCARA du cabinet Carbone 4
  • Le Festival du Film Vert : quand le cinéma devient moteur de la durabilité
  • AG de l'ASD : bilan et perspectives
  • Focus sur ... la commission Charte & Règlement
  • Retour sur..."L’économie régénérative : une voie d’avenir pour repenser notre impact"
  • Des nouvelles des #GaletsASD
  • Prochains évènements organisés par l'ASD

S’adapter aux aléas climatiques : l’approche OCARA du cabinet Carbone 4

Nous avons demandé à Claire Luchini de nous éclairer sur la méthode OCARA du cabinet Carbone 4, qui permet aux entreprises d'identifier, prévenir et s'adapter aux risques liés au défi climatique.

Dans un contexte de changement climatique accéléré, la résilience devient un enjeu stratégique pour les entreprises. Claire Luchini, consultante en transition écologique, nous présente la méthode OCARA — un outil pragmatique et open source, à l’utilisation duquel elle a été formée, et qui permet d’évaluer la vulnérabilité des organisations face aux aléas climatiques. Lors d’un entretien mené par l’équipe de l’ASD, elle partage sa vision et des exemples concrets pour inspirer l’action.

Qu’est-ce que la méthode OCARA ?

OCARA (Operational Climate Adaptation and Resilience Assessment) est une méthode développée par le cabinet Carbone 4. Elle aide les entreprises à comprendre leur exposition aux risques climatiques et à structurer leur plan d’adaptation. La démarche comprend trois étapes :
1. Évaluer la résilience actuelle de l’organisation,
2. Analyser les scénarios climatiques futurs,
3. Élaborer un plan d’action structuré.

L’outil OCARA repose sur un fichier Excel robuste contenant une base d’aléas climatiques, de risques potentiels et de définitions permettant d’objectiver l’analyse.

Comment se déroule la mise en œuvre concrète ?

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Le Festival du Film Vert : quand le cinéma devient moteur de la durabilité

Entretien avec Dorinda Phillips et Laure Veenendaal, membres du comité du Festival du Film Vert.

"Le cinéma est une langue universelle, accessible, émotionnelle, et mobilisatrice. Il peut devenir un outil stratégique au service de la transition"

Depuis vingt ans, le Festival du Film Vert s’est affirmé comme un acteur incontournable de la sensibilisation aux enjeux environnementaux. En s’appuyant sur la force du cinéma pour émouvoir, questionner et éveiller à l’action, le Festival touche chaque année un public plus large. Dorinda Phillips, co-présidente du Festival, et Laure Veenendaal, coordinatrice à Genève, nous racontent l’histoire et les ambitions d’un projet qui fait du cinéma un levier de transformation. Au-delà de la projection de films, le Festival invite les professionnels de la durabilité et les membres de l’ASD à s’emparer de cet outil universel pour catalyser le changement, créer du dialogue et nourrir les récits qui feront progresser la transition sur le terrain.

Pouvez-vous nous raconter la genèse du Festival du Film Vert ?

Le Festival du Film Vert a vu le jour à Orbe en 2006, à l’initiative d’un petit groupe de passionnés convaincus que le cinéma pouvait devenir un outil puissant pour éveiller les consciences aux enjeux environnementaux. À ses débuts, le Festival n’était qu’un événement local, avec une poignée de projections organisées dans des lieux engagés. Mais rapidement, le bouche-à-oreille, l’enthousiasme des bénévoles, et la qualité des documentaires projetés ont permis au Festival de s’étendre. Aujourd’hui, il est présent dans plus de 90 lieux en Suisse romande et dans 26 lieux en France. Chaque édition rassemble des milliers de spectateurs autour de films qui interrogent nos modèles de société, nos modes de consommation et nos responsabilités individuelles et collectives. Le Festival ne s’est pas contenté de grandir en ampleur : il a aussi élargi sa mission en intégrant des débats, des ateliers, des actions éducatives, et une volonté affirmée de toucher tous les publics, au-delà du cercle des déjà convaincus.

Le cinéma peut-il vraiment faire évoluer les comportements ?

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AG de l'ASD 

Bilan de l'année 2024

Une dynamique collective saluée par nos membres

En posant les bases d’un collectif engagé, professionnel, joyeux et dynamique, l’association a su créer une véritable énergie autour de la durabilité en Suisse romande.

Lors de l'assemblée générale, le 11 mars 2025, les 40 membres présents ont salué l’ambiance conviviale des événements, la pertinence des formats proposés, et surtout la force du lien qui s’est tissé au fil des rencontres. L’ASD a réussi son pari : celui de fédérer une communauté vivante, animée par des valeurs communes et une volonté d’agir.

Mais comme tout projet en croissance, cette première année a aussi mis en lumière certains axes d’amélioration. Si l’élan collectif est bien là, il reste encore à mieux structurer les actions, à renforcer la communication, et à élargir les thématiques abordées. Plusieurs membres ont aussi exprimé le besoin d’être davantage consultés et impliqués dans la co-construction des projets.

Finalement, grâce à l’énergie déployée par des membres engagés, tous bénévoles, l’ASD a brillamment lancé sa dynamique collective en 2024. Pour 2025, le défi sera de gagner en structure sans perdre en spontanéité, de renforcer sa communication, et de connecter plus largement ses membres autours de nouveaux thèmes. 

Toutes les nouvelles énergies sont les bienvenues, n'hésitez pas à contacter et rejoindre les différentes commissions qui structurent et animent l'association.

 

Retour sur un évènement de l'ASD

"L’économie régénérative : une voie d’avenir pour repenser notre impact"

Table ronde jeudi 10 avril 2025

Et si l’économie pouvait non seulement limiter ses effets négatifs, mais aussi devenir une force de régénération pour la planète et les sociétés ? C’est la question que nous avons explorée avec quatre experts de l’économie régénérative : Julia Beyer, François Girod, Jonathan Normand et Dominique Bollinger. Grâce à leurs éclairages pédagogiques et leurs mises en perspective, nous avons pu mieux comprendre les enjeux et les promesses de cette approche innovante.

Une vision qui dépasse la RSE

L’économie régénérative ne se limite pas au respect des normes ou à la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE). Elle s’inspire du fonctionnement des écosystèmes naturels pour proposer un modèle circulaire, sobre et résilient. L’objectif ? Donner plus que ce que l’on prend, tout en régénérant les milieux naturels et en renforçant les communautés humaines.

Des objectifs ambitieux et mesurables

En Suisse, cela signifie passer d’une empreinte écologique équivalente à 3 planètes par an à seulement 0,7. Mais l’ambition va au-delà du seul indicateur carbone : il s’agit aussi de restaurer la biodiversité, améliorer les sols, et renforcer les liens sociaux. L’économie régénérative vise un impact net positif, en intégrant des principes comme la sobriété, l’éco-conception et la transparence sur toute la chaîne de valeur — dans l’esprit du mouvement #CradleToCradle.

Un changement de paradigme nécessaire

Les défis sont nombreux. Tous les secteurs doivent être formés pour comprendre l’impact de leurs activités. Mais le plus grand obstacle reste souvent l’inertie psychologique. Pour accompagner ce changement, il est essentiel de construire de nouveaux récits : des histoires inspirantes qui donnent envie d’agir et de s’engager dans cette transformation.

Une transformation systémique et durable

Devenir “régen” n’est pas un objectif à court terme. C’est un chemin exigeant, qui demande de repenser les interdépendances entre capitaux économiques, sociaux et naturels. Mais c’est aussi une opportunité unique de bâtir un avenir véritablement durable, où l’économie devient un levier de régénération plutôt qu’un facteur de dégradation.

 

Des nouvelles des #GaletASD

Depuis l'AG de l'ASD du 11 mars dernier, 6 porteurs de galets ont déjà partagé les actions durables implémentées en entreprise ou dans leurs vies privées.

Ils nous sont parlé influence et formation, Santé Sécurité au Travail et qualité de l'air, Digital clean up week et Numérique responsable, compostage ou comment faire d'un déchet une ressource, mobilité douce et Bike to Work... 

Vous allez forcément voir passer ces galets parmis vous, nous attendons avec impatience vos récits inspirants!!

Focus sur la commission

Charte et règlement

Sept membres de l'ASD ont rejoint cette commission qui a eu pour première mission de doter l’association de deux documents clés :

=> la Charte qui incarne les objectifs, missions et valeurs de l’association

=> le règlement qui complète les statuts pour assurer le bon fonctionnement au quotidien.

Huit itérations des documents ont été nécessaires pour atteindre le niveau d’exigence voulu. 

Pour 2025, l’objectif est avant tout d’accompagner le déploiement et l’adaptation, si nécessaire, de la Charte et du Règlement. 

 

Prochains événements de l'ASD

Redéfinir la prospérité au-delà de la profitabilité, animée par Thimotée Parrique, le mercredi 18 juin 2025

En partenariat avec Impact Hub Lausanne et la COVATES

Formule hybride :
📍 Lieu 1 : Timothée Parrique sera à la Coopérative Vaudoise de Transition Écologique et Sociale COVATES, (Halle 18 – Beaulieu Circulaire), Av. des Bergières 10, 1004 Lausanne.
📍 Lieu 2 : Pour les genevois, la conférence sera retransmise en duplex à la FER Genève.
🕣 Horaires : 18h accueil, 18h45 conférence, 20h15 verrée

Inscriptions

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Nous sommes en cours de finalisation du programme de la rentrée. Une newsletter dédiée vous sera envoyée fin aout. Restés connectés!

 

POURQUOI adhérer à l'ASD ?

Vous vous sentez isolé dans votre organisation, vous souhaitez partager vos victoires et vos difficultés, vous aimeriez savoir comment ça se passe en matière de durabilité dans les autres entreprises, vous avez besoin de monter en compétences sur certains sujets...

Rejoignez notre dynamique communauté romande des spécialistes de la durabilité. En 2024, nous nous sommes fédérés afin de partager nos expériences et faciliter notre montée en compétences.

Venez participer à des ateliers, des conférences ou des formations, ou les animer. Et partagez vos connaissances et expériences dans notre newsletter. 

En mobilisant nos forces et en professionnalisant nos pratiques, nous dynamisons notre rôle d’ambassadeurs et de moteurs de la transition vers des modèles d’affaire durables et responsables

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