- Le navire Esprit de Velox lauréat du Fonds d'Intervention Maritime !
Le projet de navire Esprit de Velox porté par le Fonds de dotation 1.618 est lauréat de l’édition 2024 du Fonds d’Intervention Maritime porté par le Secrétariat d’État chargé de la Mer et de la Biodiversité et piloté par la Direction Générale des Affaires Maritimes, de la Pêche et de l’Aquaculture (DGAMPA). Aux côtés de 116 autres initiatives, il fait partie des initiatives les plus ambitieuses et reçoit à ce titre une aide de 386 000 euros (document complet ICI).
Ce précieux soutien d’État accompagne la phase déterminante de conception détaillée du navire Esprit de Velox. D’ici l’été, l’équipe projet et ses partenaires stabiliseront des choix décisifs de structure, de formes, de matériaux, de propulsion, de production et de stockage d’énergie, d’aménagement, de circulation... En ligne de mire : l’avant-projet architectural et l’intégration des briques de R&D développées, ainsi que l’affirmation de la signature fonctionnelle et visuelle du navire avec un fort focus sur la réduction du son et des vibrations. Après sept mois de design préliminaire suivra une étape de conception détaillée, vraisemblablement accompagnée d’essais en bassin, notamment pour le positionnement dynamique à bas coût énergétique.
Les partenaires sont déjà au travail : VPLP Design, D-ICE Engineering, Bureau Veritas Marine & Offshore, Groupe Zebra, TSI -Técnicas y Servicios de Ingeniería S.L.-, Chantiers de l’Atlantique, GE Vernova, Arkema, IRENAV institut de recherche de l’école navale, ENSTA Bretagne, DGAMPA avec le concours des contributeurs et des chercheurs : Ifremer, CNRS – Centre national de la recherche scientifique, La Rochelle Université et IRD.
- Les leçons de Ziphia : la première production de recherche interdisciplinaire du programme Objectif Océan est publiée depuis octobre 2024
À la découverte d’un échouage d’une baleine de cuvier (Ziphius cavirostris) en février 2021, l’association Esprit de Velox a lancé la première recherche interdisciplinaire d’Esprit de Velox dans le cadre de son programme Objectif Océan. Le résultat des travaux a été publié dans la revue Nature Sciences Sociétés en octobre 2024 et répertorié dans la base Archimer Ifremer’s institutional repository sous l’intitulé Les leçons de Ziphia : un cas d’étude pour mieux protéger les mammifères marins du bruit anthropique dans la zone économique exclusive française. Cette première expérience collaborative à la confluence de plusieurs disciplines* préfigure les campagnes océanographiques d’Esprit de Velox et affirme l’ambition du programme : chercher ensemble, comprendre, adapter et protéger.
Sciences océaniques, règlementation, droit de l’environnement, communication intuitive, biologie, art, sémiologie, ingénierie : le groupe de chercheurs a mené une véritable enquête pour comprendre les causes du décès de la baleine retrouvée sur une plage de l’Ile de Ré en 2021. Le Ziphius Cavirostris, une femelle adulte, a été baptisée Ziphia. L’étude de son cadavre a révélé des lésions très vraisemblablement conséquentes à un choc lié au bruit sous-marin anthropique. La modélisation à rebours du corps a conduit à situer le décès dans la zone classée Natura 2000 « des Mers celtiques et du talus du Golfe de Gascogne », une aire marine protégée au titre de la directive Habitats Faune Flore et Oiseaux. A la date estimée du décès se trouvait aussi une frégate en exercice sortie des chantiers de Naval Group pour réaliser des essais, notamment de sonar de lutte Anti Sous-Marine. Dans une zone attribuée par la Préfecture Maritime, conformément à la règle.
Au fil des réflexions et de la résolution de l’énigme s’est dessiné un objectif commun : comprendre, partager et faire en sorte qu’un tel accident ne se reproduise pas. C’est la mission qu’a portée Gaëlle Rousseau auprès de ses collègues de Naval Group, entreprise qui depuis a pris des mesures et fait évoluer ses procédures d’essais en mer. Désormais, les équipes de Naval Group vérifient systématiquement que la zone d’essais attribuée par la Préfecture Maritime ne se trouve pas dans une Aire Marine Protégée. En phase d’essais, une veille est réalisée pour vérifier la présence de cétacés avant de lancer les sonars, qui sont montés progressivement en puissance pour les avertir et leur laisser une chance de fuir…
Depuis la publication des Leçons de Ziphia, un accident similaire s’est produit dans le sanctuaire PELAGOS au large de la Corse. Au moins trois Ziphius cavirostris sont décédés dans des conditions qui semblent tout à fait similaires, alors que se déroulait l’exercice à haute intensité Mare Aperto 24.1 impliquant l’usage de sonars anti sous-marins.
C’est la notion même d’Aire Marine Protégée qui est dès lors questionnée, et ce que l’on peut y faire. Les ambitions internationales en la matière sont élevées et visent 30% de protection de l’Océan à horizon 2030. Mais protéger quoi ? Qui ? et surtout comment ? Les règlements de protection, quand ils existent, sont aussi variés que les statuts que couvre l’appellation Aire Marine protégée : Parcs nationaux, Parc naturels marins, Réserves naturelles, Natura 2000, Zones de protection fortes… C’est un sujet que le Cercle d’Esprit de Velox va continuer à prendre en compte. Il fera d’ailleurs l’objet du prochain traditionnel Rendez-vous d’Esprit de Velox le 31 janvier 2025 au Musée Maritime de La Rochelle.
* François Frey et Chloé Le Cam d’Esprit de Velox, Eric Baudin du BUREAU VERITAS, Jean-François Bourillet d’IFREMER, Sébastien Dutreuil du CNRS CGGG, Anna Evans de la Fondation Anna Evans, l’artiste Nicolas Floc’h, la sémiologue Marie-Cécile Guillory, Agnès Michelot et Justine Reveillas du CNRS LIENSs, Gaëlle Rousseau de NAVAL GROUP, et Jérôme Spitz CNRS PELAGIS.
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