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Simone Ruckstuhl veut donner davantage de place aux femmes dans le monde automobile
Bio
Elevée dans l’univers de l’automobile, Simone Ruckstuhl sera la quatrième génération à reprendre les garages Ruckstuhl de Zurich. Dans le cadre de ses études elle a récemment réalisé un travail de Bachelor sur le thème « Les femmes dans la branche automobile ». Son agenda est bien chargé entre ses activités professionnelles au garage, la mise en place de mesures et structures répondant aux exigences toujours plus nombreuses de la branches et aux attentes actuelles des collaborateurs et collaboratrice. Et c’est sans compter les invitations qu’elle reçoit pour partager plus largement son expérience, sa vision et les enseignements tirés de son travail de Bachelor.
Racontez-nous votre parcours jusqu’ici
Parallèlement à mes études de sociologie "Sciences de la société et de la communication" à l'Université de Lucerne, j'ai effectué en 2017 un stage de rédaction à Radio 3FACH, car j'avais alors encore pour objectif de devenir journaliste. Après avoir animé différentes émissions, écrit des blogs et également rédigé des comptes rendus d'événements à différents endroits, j'ai postulé en 2019 pour le poste de présidente de la direction de Radio 3FACH et j'ai eu le plaisir de devenir directrice de 40 à 60 jeunes, responsable de l'exploitation de la radio ainsi que du bar d'été qui en fait partie. Cette expérience a duré de l'automne 2019 à la fin 2021. Parallèlement, je me suis engagée dans l'association de branche "UNIKOM" et j'ai suivi mes études en cours d'emploi. En été 2021, j'ai décidé de rejoindre l'entreprise familiale à partir de janvier 2022, afin de pouvoir à nouveau agir en tant que directrice et perpétuer ainsi notre tradition.
Pourquoi avez-vous décidé de consacrer votre Bachelor au thème « Les femmes dans la branche automobile » ?
D’une part je me suis de plus en plus intéressée à l'approche sociologique des études de genre au cours de mes étude. D’autre part, je voulais choisir pour mon travail de Bachelor un sujet qui soit également précieux pour mon avenir professionnel. Enfin au moment de choisir le sujet j'avais déjà approché mes parents pour savoir si l'option de la succession existait, j'ai trouvé ce sujet énormément approprié. Et c'est ce qui s'est passé.
Quels étaient les principaux objectifs que vous vous êtes fixés pour ce travail ?
Je savais déjà intérieurement que j'allais entrer dans le secteur automobile et j'étais consciente qu'il y avait encore peu de femmes. Mon objectif était donc de comprendre pourquoi il en est ainsi et de trouver ce qui peut / doit être changé pour que cela change. J'avais certainement aussi l'intention de contribuer moi-même à changer les choses.
Concrètement quelles ont été les étapes de votre travail et approximativement combien de temps a-t-il été nécessaire pour aboutir ?
J'ai d'abord formulé les hypothèses et les ai transformées en question de recherche, puis j'ai étudié les premières théories sociologiques qui me permettraient d'étayer ou de réfuter ces hypothèses. J'ai ensuite mené des entretiens avec 8 femmes exerçant divers métiers dans la branche, en leur demandant d'une part de parler de leur quotidien professionnel de manière générale et en leur posant d'autre part quelques questions ciblées sur la position du sexe féminin. Lorsque j'ai transcrit ces interviews et que je les ai ensuite analysées, j'ai remarqué que les réponses des interviewées ne correspondaient pas aux théories que j’avais rassemblées. Je me suis donc mise à la recherche de théories sociologiques qui m'ont permis de décomposer les réponses. Ce processus m'a permis de découvrir les résultats - parfois surprenants pour moi - que je présente dans mon travail. Ce processus s'est déroulé sur 7 mois (tout en travaillant en parallèle).
Pouvez-vous nous résumer les résultats les plus importants ?
Les causes de la minorité de femmes dans l'industrie sont extrêmement complexes, c'est pourquoi il est très difficile d'en faire un bref résumé. Il ne suffit pas d'initier très tôt les filles aux métiers techniques ou de souligner que l'on est ouvert à l'embauche et à la promotion de collaboratrices. L'élimination des stéréotypes visibles n'est que la moitié du chemin, peut-être bien moins. A cela s'ajoute une constatation presque plus impressionnante encore : les deux sexes participent dans une mesure exactement égale au fait que notre branche est encore clairement dominée par les hommes. Le véritable potentiel de changement se cache donc assez profondément. Il se trouve dans les structures qui, chez nous tous, conduisent inconsciemment à des comportements par lesquels nous reproduisons à notre tour ces mêmes structures. En font partie, par exemple, la mesure de la performance des collaborateurs productifs, les relations quotidiennes entre les hommes et les femmes, dont le ton est souvent dur, la composition des organes de direction, les processus qu'ils créent ainsi que les voies de communication utilisées et choisies pour tout cela. Tous ces modèles et structures ont été façonnés par les hommes et sont encore vécus aujourd'hui de cette manière masculine. L'affirmation selon laquelle les femmes sont les bienvenues dans l'atelier, mais qu'elles doivent aussi supporter les remarques et, dans l'idéal, rendre la pareille, en est un bon exemple.
Comment allez-vous traduire les résultats de ce travail académique dans vos garages, tant au bureau que dans les ateliers ?
J'essaie de porter mon regard précisément sur les nuances, de remettre consciemment en question les structures et les processus existants depuis longtemps et de veiller à offrir le même espace à tous les collaborateurs. Selon moi, beaucoup de choses commencent par la mise en évidence et la sensibilisation ou la prise de conscience du thème et des éventuels problèmes. C'est pourquoi j'aborde consciemment et activement le sujet dans différentes situations, lors de rencontres et avec différents groupes de personnes (en tenant bien sûr toujours compte de l'opportunité ou non d'une telle thématisation dans la situation en question). En outre, je m'engage dans le groupe de travail sur la pénurie de main-d'œuvre qualifiée de l'UPSA. Ce travail a fait naître des idées pour quelques projets avec lesquels nous allons essayer d'augmenter la visibilité des femmes et l'attractivité de notre secteur pour les femmes, et dont nous lancerons la mise en œuvre dans un avenir proche.
Quels sont vos objectifs majeurs d’ici la fin de l’année ? Respectivement pour 2025 et 2026 ?
Nous sommes toujours en plein processus de reprise, et donc aussi en plein processus d'apprentissage. Il est donc très important pour moi d'utiliser les années à venir pour mieux connaître le secteur, les processus dans les entreprises et les domaines dans lesquels nous travaillons, nos partenaires et nos clients, afin de pouvoir construire sur la base de notre parcours et de faire perdurer les garages Ruckstuhl. Je souhaite consolider et développer mes connaissances, car mes décisions futures doivent se baser sur les connaissances accumulées au fil des années et sur notre tradition. Parallèlement, j'ai déjà la possibilité d'apporter des idées et des réflexions dans les décisions d'avenir et de participer activement à la gestion et au développement de notre entreprise et de nos collaborateurs. C'est ainsi que, petit à petit et au cours des années à venir, je me verrai confier la responsabilité de nos collaborateurs, de nos clients et de nos partenaires.
Quelle équipe vous entour au garage et comment organisez-vous votre temps entre les différents garages ?
Sur chaque site, nous avons des directeurs d'exploitation qui sont responsables de la direction générale ainsi que de la gestion du personnel. L'échange avec eux permet d'évaluer les affaires courantes des entreprises et de les intégrer dans les décisions globales du groupe qui sont ensuite prises par la direction organisée en cercle restreint. En ce qui concerne le développement de nos garages et de la stratégique globale, je peux compter sur ma mère et mon père, qui y sont toujours actifs et qui me transmettent leurs connaissances de manière que je puisse penser et agir moi-même à l'avenir.
A quels événements professionnels importants participerez-vous prochainement en tant qu’oratrice ?
En janvier dernier j’ai participé à la Journée des garagistes suisses. J’y a donné une conférence, puis participé à la table ronde qui a rassemblé les quatre meilleurs jeunes talents actuels de la branche automobile, dont Florent Lacilla (vainqueur WorldSkills 2022) et Sophie Schumacher (participante WorldSkills 2024). Actuellement, il n'y a pas de grand événement auquel je participerai. En revanche, je prends part, dans toute la mesure du possible, à des manifestations de l'UPSA et serai présente lors d'événements importants pour le secteur. Il est en outre prévu que mon travail de bachelor soit publié par une maison d'édition - dans ce cas l’affaire devrait être suivie par l'UPSA.
Lorsque vous n’êtes pas au travail, quels sont vos loisirs préférés ?
La musique a une très grande importance pour moi - j'ai par exemple une collection de disques que j'entretiens très activement, je me rends de temps en temps à des concerts ou des festivals et je participe souvent à des manifestations de Radio 3FACH. La passion pour les voitures se retrouve également dans mes loisirs : regarder la Formule 1, participer à des rencontres de voitures anciennes ou se rendre à une course de 24 heures. Sinon j’aime le sport, rencontrer des amis, passer du temps avec la famille et, de temps en temps, se coucher très tard !!
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