Bio Anne Liechti est née en 1986 à Payerne. Elle y a grandi non loin de l’entreprise familiale, fondée par Claude Liechti, son père. Jusqu’à ses 20 ans elle a vécu dans la Broye où elle a étudié et réussi sa maturité gymnasiale. En 2009, c’est à Fribourg qu’elle débute un Bachelor en gestion d’entreprise. Ensuite elle a travaillé à Lausanne, dans le milieu des « start-ups » et du marketing digital. Puis elle a poursuivi à temps partiel un Master en Gestion d’entreprise, avec un focus en entrepreneuriat et innovation ; c’est à ce moment-là qu’elle a intégré l’entreprise familiale en 2013. En 2020-2021, avec toujours cette même soif d’apprendre, elle s’engage dans un CAS spécifique à la branche automobile, à la ZHAW à Winterthur « Datenbasiertes Management im Autohaus ». Intriguée par le suisse allemand qu’elle souhaitait maîtriser, elle a vécu 6 ans à Berne ; aujourd’hui elle vit à Morat, à la frontière des deux langues.
Pouvez-vous nous présenter en quelques mots l’histoire de Liechti Automobiles SA ? En 1983, Claude Liechti a fondé la société Garage du Pavement à Payerne. Notre grand-père avant lui avait fait bâtir le garage qui nous abrite aujourd’hui en partie. De trois collaborateurs, l’entreprise a grandi petit à petit tant en termes de locaux que de ressources. Le choix de mon père quant aux marques qu’il représente depuis 1983, Toyota et Mercedes-Benz, a certainement contribué à son succès, en plus de son caractère d’entrepreneur qu’il nous a transmis.
En 2012, mon frère aîné Alexandre et moi avons rejoint l’entreprise et la fidèle équipe de 15 collaborateurs en place alors. La réorganisation de notre garage, en vue de satisfaire aux standards de nos marques, en termes de processus managériaux notamment, a été notre focus ces 10 dernières années.
En 2018, ma sœur Olivia a renforcé notre équipe et a pris la responsabilité du marketing et de la communication, notamment, tout en nous soutenant dans la direction. Tout récemment mon deuxième frère Maxime, après 6 ans dans le domaine bancaire, s’est engagé à nos côtés. Cette arrivée coïncide avec une nouvelle étape pour Liechti Automobiles SA : celle de l’acquisition d’un garage Toyota présent depuis 37 ans à Morat (Fribourg). Nous sommes aujourd’hui une solide équipe de quelque 40 collaborateurs répartis sur 2 sites.
Quelles ont été les principales étapes de votre parcours professionnel ? Comment êtes-vous « tombée dans la marmite » ?
Mon frère aîné a été le premier à rejoindre l’affaire familiale en 2012 ; d’une certaine manière, il a donné l’impulsion au reste de la fratrie. Je l’ai suivi quelques mois plus tard. En 2016, nous avons tous les deux rejoint le conseil d’administration de Liechti Automobiles SA, et pris le rôle de membre de direction, aux côtés de notre père. Nous travaillons aujourd’hui au projet de transmission d’entreprise, qui permettra à la deuxième génération de reprendre le flambeau et perpétuer le succès de l’établissement fondé par notre père.
En fait, je n’avais pas l’intention de rejoindre l’entreprise familiale. En 2013, mon père et mon frère avaient besoin de renforts ; nous devions nous réorganiser pour répondre aux standards de nos marques. Je me rappelle avoir dit, naïvement : « OK, je viens 2 ans à 80%, le temps de mon Master que je suis à temps partiel, puis je m’en vais. » De 2 ans, nous en sommes aujourd’hui à 11 ! Je suis fascinée par notre branche. Elle nous pousse, par tous les défis qu’elle représente actuellement, à nous repenser, et à sortir clairement de notre zone de confort. C’est ce qui me booste, et nous fait puiser à présent dans nos compétences d’économiste, mes frères et sœur et moi, pour réinventer notre entreprise.
Quels objectifs et/ou missions vous êtes-vous fixés d’ici la fin de l’année ? Et d’ici 5 ans ?
Mon principal objectif pour ces trois prochaines années est de positionner notre entreprise d’une manière qui lui permette de répondre aux défis futurs de notre branche, tout en assurant un environnement de travail et des conditions les plus adéquates et favorables pour nos collaborateurs. A titre privé, j’aimerais apprendre à (re)trouver l’équilibre, celui qui est nécessaire à titre privé et professionnel pour avoir l’énergie de surmonter tous les défis à venir. C’est mon objectif 2024 !
Quels sont les principaux enjeux auxquels un garage tel que le vôtre devra affronter ces prochaines années ?
Nous ne sommes ni un petit ni un grand concessionnaire, peut-être à une taille critique, mais nous sommes déterminés à répondre aux enjeux de notre secteur. Repenser, réorganiser et adapter notre entreprise grâce à notre flexibilité et expérience est crucial. Les défis de la mobilité électrique sont également essentiels : nous devons contribuer activement à une mobilité plus verte. Nos deux marques nous le permettent. Le modèle d’agence et la possible réduction du réseau de concessionnaires nous poussent à analyser constamment tous les scénarios. Anticiper et évaluer les options nous aidera à positionner durablement Liechti Automobiles SA. Réussir la relève et poursuivre le succès de notre père sera un défi passionnant pour les cinq prochaines années – mon préféré !
Quel regard posez-vous sur la position des femmes dans l’univers des garages aujourd’hui ?
Un regard positif et bienveillant, car je suis assez certaine que ce n’est que comme cela - et pas dans l’adversité - que chaque femme peut trouver sa place, que ce soit dans la branche automobile ou ailleurs.
Lorsque j’ai débuté, à 27 ans, j’avais cette impression qu’il me fallait le double d’énergie pour être crédible et que l’on me prenne au sérieux : j’étais jeune et j’étais une femme. Aujourd’hui, avec le recul, je crois qu’humainement cela a été mon meilleur apprentissage. J’ai appris à trouver ma place, à ma manière, sans m’approprier les techniques et attitudes de mes collègues masculins, ni exacerber ma féminité. Je pense sincèrement que l’image que nous portons sur la branche automobile a évolué ; je peux même le confirmer. Je suis particulièrement fière d’avoir autant de collaboratrices féminines dans notre équipe, non pas que nous les ayons expressément attirées, mais car elles n’ont pas vu la branche automobile, ou notre entreprise, comme un bastion masculin.
Et à titre de conclusion, lorsque vous n’êtes pas au travail, quels sont vos loisirs ou activités préférées ?
Je lis, énormément. Je suis curieuse de nature et adore apprendre. Depuis longtemps j’ai une passion pour la communication ; ainsi dès que je le peux, j’écris, que ce soit au sein d’associations où je suis active, ou à titre personnel. Je danse dans une école toutes les semaines. Du hip-hop au funk, tous les styles me plaisent ; c’est ma bouffée d’oxygène, ma manière de ne plus penser avec la tête pendant une heure. La nature finalement, la montagne en particulier, reste mon meilleur moyen de déconnecter et de retrouver mon énergie (grimpe, randonnée, ski). J’adore ces moments-là, où mon esprit foisonne d’idées et de créativité.
|